Lors de la rencontre historique entre le président François Mitterrand, le roi Juan Carlos, Jacques Chirac et Felipe Gonzalez en juillet 1986, les relations bilatérales n’avaient jamais été aussi bonnes après des années marquées par des difficultés liées au terrorisme basque. Ce premier sommet a marqué le début d’un rapprochement entre la France et l’Espagne qui, depuis, s’est traduit par diverses initiatives visant à renforcer les liens entre les deux pays. Le 19 janvier 2023, les deux dirigeants ont signé un traité d’amitié et de coopération. Dans ce cadre, les gouvernements français et espagnol sont actuellement proches d’un accord sur une nouvelle connexion électrique « ibérique », permettant aux deux nations de mieux partager leurs ressources en énergie et de réduire leurs factures. Dans cet article, nous expliquons pourquoi la rencontre en cours est si importante pour les consommateurs des deux pays.

Un mécanisme purement économique

Tout d’abord, il est important de rappeler que le marché européen de l’électricité est régi par la loi de l’offre et de la demande. Avant 1996, l’entreprise EDF vendait son électricité selon le coût estimé de sa production, mais une fois la libéralisation et la directive de l’électricité entrées en vigueur, un système d’enchères s’est mis en place entre producteurs, ce qui a entraîné un encadrement des prix. En effet, comme l’expliquait Jacques Percebois, directeur du Centre de Recherche en Économie et Droit de l’Énergie : « les prix sont tirés naturellement vers le haut par l’électricité la plus onéreuse à produire, ici le gaz »C’est donc un mécanisme purement économique, lié à la loi de l’offre et de la demande, et non pas politique.

Les raisons de la dérogation ibérique

En raison de la situation géographique particulière de l’Espagne et du Portugal, isolés du reste de l’Europe par leurs interconnexions électriques insuffisantes, ainsi que de leurs bouquets énergétiques composés principalement d’énergies renouvelables, Bruxelles leur a accordé en 2020 une dérogation, permettant aux 11 millions de consommateurs domestiques et aux entreprises espagnols (soit 40 %) de bénéficier d’une remise significative sur leur facture d’électricité, passant de 214 euros à 165 euros le mégawattheure. Cette mesure, surnommée « dérogation ibérique » et valable jusqu’au 31 mai 2023, a permis de limiter l’impact de la volatilité des prix du gaz sur le budget des foyers et des entreprises.

Une connexion électrique ibérique

Face à ce succès, les gouvernements français et espagnol travaillent maintenant à la mise en œuvre d’une nouvelle connexion électrique ibérique, dont l’objectif est de mettre en commun les capacités d’échange et d’optimiser le partage des énergies renouvelables. Une telle connexion électrique comporterait notamment les avantages suivants :

  • Des tarifs plus stables grâce à une meilleure intégration des marchés de l’énergie
  • Une plus grande efficience énergétique et donc des économies pour les ménages et les entreprises
  • Une meilleure utilisation des sources d’énergie renouvelables
  • Moins de risques de perturbations de l’approvisionnement et donc une plus grande sécurité énergétique

Les négociations sont très avancées et devraient aboutir à un accord d’ici quelques mois. À court terme, les progrès réalisés dans ce domaine représenteraient une évolution majeure, tant pour les consommateurs que pour l’industrie et les entreprises. La signature, le 19 janvier 2023, d’un traité d’amitié et de coopération a ouvert la voie à un vaste programme de collaboration entre la France et l’Espagne. La dérogation octroyée par Bruxelles permet déjà aux ménages et aux entreprises des deux pays de bénéficier d’une remise significative sur leur facture d’électricité jusqu’au 31 mai 2023. Les deux pays travaillent actuellement à la mise en place d’une nouvelle connexion électrique ibérique, ce qui pourrait considérablement améliorer l’efficience énergétique et les performances des marchés de l’énergie en Europe.

Sources